La Maistresse.
Monsieur, vous m’en excuserez, s’il vous plaist : je ne suis point fille qui baise personne.
L’Amant.
Jesu ! Madame, me refuserez-vous pour si peu de chose ? Si vous ne me le voulez donner d’amitié, je le prendrai de force, encore que ce me seroit plus de contentement d’une façon que de l’autre.
La Maistresse.
Monsieur, arrestez-vous si vous voulez, je ne prends point de plaisir à tout cela.
L’Amant.
Ah ! Madame, voulez-vous me desobliger de la façon ! Serez-vous tousjours farouche de la sorte ?
La Maistresse.
Je ne suis farouche que de bonne sorte ; si on vous donne un pied d’abandon, vous en prenez deux ; on n’a que faire de se rendre familier avec vous, vous prenez assez de liberté.
L’Amant.
Madame, je vous demande pardon, si je vous presse de me permettre un baiser, mais c’est la grande amour que je vous porte qui m’incite à cet effet. Madame, je vous prie de me l’accorder.
La Maistresse.
Monsieur, vous estes grandement importun ; arrestez-vous si vous voulez, je n’aime pas le bruit si je ne le fais ; on en a bien veu d’autres que vous.