Page:Variétés Tome IX.djvu/204

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L’Amant.

Madame, si je sçavois vous avoir esté importun, je m’estimerois le plus malheureux du monde.

La Maistresse.

Et la, la, mon Dieu, vous n’estes pas si fasché que vous en faites le semblant ; on vous cognoist bien ; vous en yrez dire tantost autant à une autre : c’est pour donner carrière à vostre esprit.

L’Amant.

Madame, croyriez-vous que je feusse de ces gens là qui sont si changeants ? Je vous asseure que vous estes le seul subjet pour qui j’aye de l’affection, et vous jure que si vous avez mon service pour agreable, je n’en auray jamais d’autres que vous.

La Maistresse.

Ô Monsieur, tous les jeunes hommes disent ainsi. Si je n’avois oüy dire beaucoup de tels diseurs et autres, vous pourriez m’en faire accroire ; mais je ne suis pas de si legère creance.

L’Amant.

Madame, en quoy desirez-vous que je vous tesmoigne l’amour que je vous porte ? Vous n’avez qu’à me commander, je vous obeïrai en tout.

La Maistresse.

Monsieur, je ne voudrais pas faire de mon maistre mon serviteur ; je voy bien que vous estes grandement obligeant.