Le second Convié.
Mon fils, donne-moy du vin. Monsieur, je m’en vais vous faire raison.
Le Bourgeois.
Ah ! Monsieur, n’y mettez point d’eau, le vin est petit.
Le second Convié.
Monsieur, voilà de fort bon vin.
Le Bourgeois.
C’est du vin de ma cueillette, à votre service. Messieurs, si vous le trouvez bon, ne l’espargnez pas.
Le premier Convié.
Il n’y a point de plaisir d’avoir des vignes, c’est un pauvre heritage, elles ne payent pas leurs façons. Je trouve que c’est un plus grand mesnage d’achepter le vin : il n’apartient qu’aux vignerons d’avoir des vignes.
Le Bourgeois.
Pour moy, j’ayme mieux avoir des vignes : on a le plaisir de voir faire son vin, on est asseuré qu’il est pur et net, on sçait ce qu’on boit ; ou ces vignerons font mille meschancetez à leur vin quand on l’achette.
Le second Convié.
J’en achetay l’autre jour qui estoit le plus pauvre vin du monde ; je croy qu’il y avoit plus de moictié d’eau, et cependant il ne laissoit pas de me couster bien cher.
Le Bourgeois.
Ô ! il n’y a rien tel que de voir faire son vin ; le