Page:Variétés Tome IX.djvu/250

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ceste femme de Cilicie, que descrit Zonatus en la vie de l’empereur Justin Thracian, qui en hauteur surpassoit plus que d’une coudée les plus grands hommes que l’on luy eust peu presenter ; comme enfin un des deux Maximiens, empereurs, lequel, au rapport de Julius Capitolinus, en sa vie, selon Cordus, se servoit du brasselet de sa femme pour anneau, tiroit et comme ravissoit après soy les carroces et chargées, brisoit et pulverisoit entre ses doigts la pierre nommée thopase, mangeoit quarante et soixante livres de chair, beuvoit une certaine mesure nommée amphora capitolina, lassoit quinze, vingt et trente soldats, et à la luicte en renversoit dix en un corps ; bref, exerçoit une infinité d’autres actes qui ne peuvent signifier en luy qu’une estrange grandeur. Je n’aurois jamais faict, et me perdrois au desnombrement de ces enormes colosses si je voulois rechercher tout ce que l’histoire, mémoire du temps, nous en a laissé une chose seule ; ne puis-je pas passer soubs silence, à sçavoir, combien grande devoit être la force de Turnus quand il jetta ceste pierre contre Ænée, sur laquelle Virgile dit que douze hommes de front se pouvoyent coucher, par ces vers :

Saxum immane ingens, campo qui forte jacebat
Limes agro positus, litem ut discerneret arvis :
Vix illud lecti bis sex service subirent,
Qualia nunc hominum producit corpora Tellus,
llle manu raptum trepida torquebat in hostem.

Mais pourquoy prens-je tant de peine à vous re-