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Page:Variétés Tome IX.djvu/277

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charmes avoient un tel pouvoir que d’aveugler les yeux des assistants, qui le tenoient pour un grand prophète ; mais la presence de S. Pierre, venue pour s’opposer à ses actions diaboliques, monstra, par la mort de l’enchanteur, que ses prières avoient plus de pouvoir que la magie de l’autre.

Arius, qui, par ses artifices, avoit rangé soubs sa banderolle un nombre infini de pauvres ames ignorantes, eust pour ennemy le docteur Angelique3, qui renversa tellement ses escrits et nouvelles instructions, que la France, et notamment le Languedoc, luy est autant obligé qu’à sainct Dominique : ainsi tous les autres ennemis de la foy et de la vertu ont eu pendant leur temps de grands personnages qui ont deffendu la cause de Dieu et plaidé en plain barreau le droict de son Eglise militaire. Du temps de Luther, parut pour le contreprojecter ce flambeau navarrois nouvellement canonisé ; pour Calvin, le subtil Lescot ; et pour de Bèze, le docteur Duperon.

Puis donc que Dieu prend le soin de conserver l’auctorité de son Eglise, par l’eloquence et l’elegance de tant de braves hommes qui se sont opposez auz ennemis de la foy, qui estoient soustenus et maintenus par des empereurs, des roys et des potentats puissans ; craindrons-nous aujourd’huy qu’un tas de frippons ignorans, si jamais il en fust, puissent, par une nouvelle doctrine, ou par magie, ou par nigromencie, se rendre de visibles invisibles, charmer les ames sainctes, aveu-


3. C’est, comme on sait, saint Thomas d’Aquin.