Page:Variétés Tome IX.djvu/340

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Un prestre de cette ville, nommé Fossar, chapelain de l’Hostel-Dieu, qu’on dit estre d’ailleurs de bonnes mœurs, satisfaisant à cette coustume, en parlant de la puissance des papes, s’emporta à dire qu’ils avoient pouvoir de deposer les rois, et l’appuya par plusieurs fausses autorités. En mesme temps, le recteur et les docteurs lui imposèrent silence. Il respondit qu’il entendoit les rois tyrans ; et comme ils lui dirent que cette explication ne suffisoit pas, il se dedit absolument, et demeura d’accord sur le champ de la fausseté de cette proposition, que les paroles lui estoient echappées contre ses propres sentiments dans la chaleur du discours, et non poinct par un dessein premedité, et qu’il offroit de prouver la negative dans les premières thèses qu’il soutiendroit en public.

Ce prestre a été arrêté prisonnier il y a deux jours, à la requeste du procureur du roi, qui lui fait faire son procès au presidial de cette ville ; je crois qu’on lui fera bonne justice, car les officiers sont ici fort zelés pour conserver l’autorité du roy.

Je viens d’apprendre que l’université de cette ville a rendu un decret contre ce prestre, par lequel elle l’a declaré incapable de recevoir aucun grade.

M. le procureur du roy s’est chargé de vous envoyer une copie de ce decret et des informations qui ont été faites contre lui.

Je suis,

Monseigneur,

Votre très humble et fort obeissant serviteur.

D’Aligre.