Page:Variétés Tome IX.djvu/353

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La France, plus que province du monde inconstante, grossière d’inventions, en produict et enfante tous les jours de nouvelles. L’un des plus illustres personnages de ce temps, parlant du mignon François.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Qui Guenon affecté
Des estrangères mœurs cherche la nouveauté,
Et ne müe inconstant si souvent de chemise,
Que de ces vains habits la façon il deguise.

C’est bien pis au temps où nous sommes, auquel l’on porte la barbe poinctüe, les grandes freizes, les chapeaux hors d’escalades, et d’autres en preneurs de taupes, l’espée la poincte haute, bravant les astres, et crains encores à l’advenir un plus grand debordement de mœurs et humeurs, chose beaucoup plus dangereuse que la superfluité des habits : ce qu’apprehendoit ce poëte liricque.

Damnosa quid non imminuit dies4 ?
Ætas parentum, pejor avis, tulit
ÆaNos nequiores mox daturos
ÆaÆaProgeniem vitiosiorem.

Pourquoy nous mocquons-nous d’Hercule quand nous lisons qu’il prit l’habit d’une servante, sinon pour ce qu’il avoit laissé son cœur d’homme et avoit prins celuy de femme, et tant qu’il fut vestu de cet habit, il ne sceut que porter la quenoüille.

Ainsi plusieurs de nos fondeurs de nazeaux qui ont commencé parmy les nations estrangères sans avoir exercé l’art militaire, ne sçavent faire acte de vaillance, quelque morgue qu’ils facent, et la res-


4. Horat. Lib. III, Od. 1, v. 37.