Page:Variétés Tome IX.djvu/50

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combat Dos Cardaiz. Amenez-y tant d’Espagnols que vous voudrez : j’ay si bonne opinion de moy qu’avec le tiltre que je porte de Mascarenhas et mon ordre, il y aura assez de moy tout seul pour battre tous les Castillans ; il ne reste plus qu’à me donner l’heure, à laquelle je ne manqueray point de me trouver. »

Dom Federico luy respondit en se mocquant : « Je suis bien aise qu’il y ait en ce royaume une personne si vaillante que vous, qui ait la hardiesse d’appeler au combat un général de l’armée espagnole ; mais quant à moy, qui suis ministre de Sa Majesté Catholique, je ne le puis accepter. »

Mascarenhas repart : « Je jure par mon ordre que, si vous ne l’acceptez pas, je vous decrieray par tout le monde comme un poltron, et le moindre mal qui vous puisse arriver à la première rencontre est d’avoir l’oreille coupée. Espagnols, quand vous parlez des Portugais, apprenez à mettre les deux genoux à terre. — Eh bien, dit lors Federico, pour faire donc plaisir à si vaillant Portugais, j’accepte l’appel et me trouverai demain au lieu assigné dès les six heures, non, dès les quatre heures après midi, vous donnant avis au parsus que j’iray en général. »

À l’heure dite, dom Francisco Mascarenhas parut le premier au champ où se devoit faire le combat, sans autres armes que l’espée et le poignard ; mais vingt-cinq gentilshommes du même ordre le suivoient à cent pas de là, pour voir quelle en seroit l’issue. Dom Federico y arriva aussi, mais fort tard, et après cinq heures, à la teste de trente-cinq