Page:Variétés Tome IX.djvu/67

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accablez plusieurs corps peris et blessez par cet encombre, et ne faut douter qu’il ne s’en trouve encor lorsque l’eau sera retirée d’avantage.

Ô cas estrange ! il s’y est trouvé une dolente et pitoyable mère, laquelle, pensant sauver la vie à son enfant bien jeune et delicat, a esté offusquée de la rage et furie de ceste eau sauvage, tenant son tendre enfant embrassé, lequel on a sauvé respirant encor : ce qui doit veritablement estre esmerveillable, la mère y finer plustôt que l’enfant.

On ne sçait au vray le nombre des personnes qui y sont peris, parce que l’eau n’est du tout retirée et que plusieurs de ceux qui estoyent logez ès bas lieux des maisons ne se retrouvent ; seulement on a cognoissance de ceux qui ont esté retirez morts de l’eau, et grand nombre qui ont esté secourus par les voisins, à quoy entre les autres ne s’y est faint un soldat des gardes du Roy, nommé Videcoq, demeurant là auprès (et fidèlement), pourquoy il est grandement à louer.

Plusieurs bestiaux, comme vaches, porcs et autres, ont esté trouvez noyez ès estables où ils estoyent. Tellement que la perte advenue à ce faulxbourg, en ce comprins la ruyne des edifices, est estimée à plus de cent mil escuz6, sans le dommage faict ès jardins et lieux de plaisance estans en ceste part.

Le dommage de ces grandes eaux n’a esté seulement en un lieu, mais en plusieurs autres, telle-


6. Du Breul, comme on l’a vu dans la note précédente, n’évalue pas le dommage à une aussi forte somme.