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Page:Variétés Tome IX.djvu/73

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On cognoist aussi tost les delicates ames
Donner lieu doucement à leur affection,
Et si elles osoient, plaines de passion,
Elles descouvriroient leurs amours par leurs larmes.

Cependant, finement par l’art de leur beauté,
Elles sapent nos cœurs, et nostre volonté,
Aisé, se laisse aller à leur bel artifice,

Et nous ne voyons pas combien dedans leur cœur
Se logent de desdains, de mepris et d’erreur,
Mais nous sacrifions nostre âme à leur malice.

IIII.

Leur faisant les doux yeux, nos vœux elles reçoivent,
Et d’un soupir larron feignans mesme desir,
Nous tirent doucement pour se donner plaisir
Par les evenemens qu’au cœur elles conçoivent.

Vrayment, quand doucement nostre âme elles deçoivent,
De je ne sçay quel bien nous nous sentons saisir ;
Que, peu considerez, nous n’avons pas loisir
De voir en leurs façons ce que tous apperçoivent.

Ainsi subjects d’amour, leurs yeux nous adorons ;
Nous nous rendons captifs, nous prions, nous pleurons,
Tous humbles, leur rendans devoir d’obeyssance ;

Et lors elles, qui sont d’un cœur rude et hautain,
Se jouent de nos pleurs, et, fières en desdain,
Bravent nostre sottise avec trop d’insolence.