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Monsieur le grand prieur18.

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18. Encore un Guise, et l’un de ceux qui avoient pris le plus de part aux massacres de la Saint-Barthélemy. Catherine, en donnant les princes de Lorraine pour escorte au nouveau roi de Pologne, avoit sans doute à cœur d’affoiblir le parti des Guise, qui devenoit de plus en plus menaçant en France. Elle affoiblissoit aussi le parti catholique, et l’on s’en plaignit. (Bibliothèque impériale, manuscrits Fonds des Minimes, no 32, fol. 344.) Ce cortége ne fut pas une sauvegarde, loin de là, pour le duc d’Anjou, quand il traversa des États protestants. On savoit tout ce qu’il avoit fait pour la tuerie du 24 août 1572 : aussi n’étoit-il pas besoin de lui donner tout une escorte de complices pour soulever contre lui, au passage, l’indignation des princes calvinistes. « Que si le monarque passoit à travers le pays protestant, dit Schomberg dans une de ses dépêches, § 4, il n’y auroit pas de sûreté pour luy. » Il s’y risqua cependant, s’il faut en croire de Thou (liv. 57), et, d’après lui, Gaillard, mais il faillit s’en trouver mal. C’est dans le Palatinat qu’il s’étoit hasardé. « En entrant dans le cabinet de l’électeur, le premier objet qui frappa ses regards fut un portrait fort ressemblant de l’amiral Coligny. « Vous connoissez cet homme, Monsieur, lui dit l’électeur d’un ton sévère ; vous avez fait mourir le plus grand capitaine de la chrétienté, qui vous avoit rendu le plus signalé service, ainsi qu’au roi votre frère. » Le roi de Pologne, un peu troublé, répondit : « C’étoit lui qui vouloit nous faire mourir tous, il a bien fallu le prévenir. — Monsieur, répliqua l’électeur, nous en savons toute l’histoire. » À table, le roi de Pologne ne fut servi que par des huguenots françois échappés au massacre, qui sembloient le menacer en le servant ; et l’électeur parut prendre plaisir, pendant toute la journée, à lui faire craindre, pour la nuit, des représailles. » (Gaillard, Hist. de la rivalité de la France et de l’Angleterre, t. V, p. 159.) Je ne donne