Page:Variétés Tome V.djvu/16

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Allons avec un prompt secours
Contre cette meschante race ;
Aux armes ! ils sont aux faux-bourgs.
Laquais, mon pot et ma cuirace.

    Ne vous precipitez pas tant,
Cavalier de portes cochères[1] !
Vostre cheval est bien pesant,
Ne vous precipitez pas tant ;
Gardez d’un mauvais accident
Qui pourroit gaster nos affaires ;
Ne vous precipitez pas tant,
Cavalier de portes cochères.

    Allons, puisque j’ay pris mon pot,
Allons, qu’on s’avance et qu’on tue ;
Allons avec ordre au grand trot,
Allons, puisque j’ay pris mon pot[2],
Allons frapper sans dire mot ;
Allons la visière abatue,
Allons, puisque j’ay pris mon pot,
Allons, qu’on s’avance et qu’on tue.

    Helas ! que de mal-heureux corps
Dont la rage a fait un parterre !
Que de blessez et que de morts !
Helas ! que de mal-heureux corps !
Les foibles ont souffert des forts.
Voilà les beaux fruits de la guerre !
Helas ! que de mal-heureux corps
Dont la rage a fait un parterre !

  1. V. une des notes précédentes.
  2. Espèce de demi-casque, ou morion, dont se coiffoient alors les fantassins.