Page:Variétés Tome V.djvu/170

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sont si grans et si merveilleux qu’il n’est homme qui y puisse demourer.

Item, nous avons esté gettez si arrière le plus merveilleusement que jamais homme vit du vent et de l’orage, qui nous a transporté en bien peu de temps jusques au bas occident ; et là nous n’avions point de nuyt, et y avons esté trois moys sans revenir, et y avons veu plusieurs et divers pays.

Nous avons esté en une grande et merveilleuse cyté, nommée la cyté de Montane, où nous avons veu une montaigne la quelle a plus de cent lieues de hault, et est ung pays de bestes sauvages, où les tygres sont, les panthères et autres bestes moult merveilleuses ; et si y a des pyes qui sont plus grandes que grues, et n’est homme qui osast aller seul sans estre accompaigné de cinq ou de six hommes, pour les pies et autres oyseaulx qui sont dangereux et à craindre, et ont les dictes pies le bec long bien une aulne.

Item, en ces pays a grans forestz, et sur tous autres arbres nous avons veu ung grant arbre le quel a plus de trois lieues de tour de ses branches, et n’en voit-on point le couppel, et est environné tout d’eaue, et le fruyt qu’il porte est long comme une andouille et rend le jus vermeil comme sang, et n’est point de si excellent vin, et dedans chascun fruyt a une pierre precieuse qui esclère la nuyt comme le jour, et ne porte le dit arbre que de trois ans en trois ans, et auprès du dit arbre est la roche de Videquin, où toutes les bestes sauvages du dit pays vont couchier dedans la dicte roche, pour la crainte des chahuans,