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Page:Variétés Tome V.djvu/178

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Voilà comment Venus nous inventa les gands,
Lesquels furent depuis communs à toutes gens,
Non pas du premier coup : les seulles damoiselles
Long espace de temps en portèrent comme elles.

Depuis, les puissans roys s’en servirent ainsi,
Et puis toute leur court, puis tout le peuple aussi.

Mais, bien qu’ores chacun les mette à son usage,
Le petit et le grand, et le sot et le sage,
Si ont-ils toutes fois encore authorité
De servir de signal à la grand’ dignité
Des prelats reverends : un chacun d’eux en porte
Qui de laines sont faits, mais en diverse sorte,
Comme ils ne sont tous uns ; selon qu’ils tiennent rang.
Les uns les ont de rouge et les autres de blanc.
Encores par dessus leurs laines sont couvertes
De turquoises, rubis, et d’esmeraudes vertes5,
Que portent les prelats, en signe de l’honneur
Qu’ils sont les lieutenants du souverain Seigneur,
Qui, dans le ciel assis, darde dessus la terre,
Ainsi que traits flambants, les esclats du tonnerre.

Par ce moyen-là donc en honneur sont les gands,
Qui jusques aujourd’huy sont la marque des grands,
Qui les ont par honneur, et davantage j’ose
Coucher dedans mes vers qu’il n’y ha nulle chose
Qui sert à nostre corps, le couvrant et vestant,
Qui les puisse esgaler ny qui valle bien tant :


5. On laissoit aux prélats ces gants ornés de pierreries. Georges Cliffort, comte de Cumberland, enrichit pourtant de cette manière le gant qu’Élisabeth lui avoit donné en signe d’estime. Il s’en fit une parure ; dans les tournois, il ne portoit pas autre chose à son chapeau.