Page:Variétés Tome V.djvu/200

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alla trouver le dit sieur lieutenant criminel pour l’advertir que le dit Michel se tourmentoit extraordinairement dans son cachot, et qu’il luy avoit dit, en presence de plusieurs personnes, qu’il estoit venu à luy quelqu’un qui l’avoit voulu estrangler et qui l’avoit merveilleusement excedé, battu et traîné par les bras, voulant qu’il reniast Dieu et son baptesme, et qu’il demandoit quelque confesseur qui fust habile homme, et qu’à cause des tourmens qu’il disoit recevoir, il avoit furieusement crié qu’on le tuoit et estrangloit, demandant secours. Le dit sieur lieutenant commanda aussitost au dit concierge d’aller querir le père recteur des PP. Jesuittes, et le prier d’aller consoller le dit Michel et l’assister en la confession sacramentelle qu’il disoit vouloir faire ; pendant quoi il alla aussi en la Conciergerie pour interroger quelques autres prisonniers, où, ayant trouvé le dit P. recteur, il le pria d’avoir soin de l’ame de ce pauvre miserable. Le P. recteur luy dit qu’il estoit grandement tourmenté, qu’il feroit ce qu’il pourroit, et qu’il luy avoit donné un Agnus Dei pour le conserver des apparitions du diable desquelles il se plaignoit (mais il faloit un cœur contrit, qui est bien rare en telles personnes), et puis s’en alla pendant que le dit sieur lieutenant demeura là pour ouyr d’autres prisonniers, auquel, incontinent après, le geollier retourne dire que le dit Michel crioit tant qu’il pouvoit qu’on le vouloit estrangler et qu’il demandoit du secours. Aussitost il commanda au dit geollier de luy aller ouvrir le cachot, et s’y transporta sur l’heure, où il le trouva le visage gros et enflé, et livide comme de quelques tumeurs, les