Page:Variétés Tome V.djvu/206

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que faire des chevilles et des martoises8, que mesmement il avoit esté banny par arrest pour des impietez dès l’an 1605, le renvoya à la fin du mois dernier à Moulins pour y estre bruslé tout vif, et ordonna encore la dite cour que les autres seroient menez en la Conciergerie pour, leur procez veu, estre ordonné ce que raison.

J’avois oublié de vous dire que ce magicien, pour attraper de l’argent, en faisoit porter certain nombre de pièces sur les croix de cimetières ou sur le seuil des eglises par ceux qui venoient à luy pour leur santé, et disoit qu’on ne pouvoit rien faire sans cela, et qu’il falloit que ce fust la nuict ; et puis il y alloit et prenoit les pièces, qu’il mettoit dans sa bourse pour la guarir de l’evacuation qu’elle avoit, tellement que par ce moyen il en guarissoit deux à la fois.

L’on peut veoir par ce discours que la fin de ces gens-là est tousjours deplorable, et que le diable ne tend à autre chose qu’a leur faire renier celuy pour la confession duquel ils devroient exposer mille vies, parce qu’il sçait bien qu’un homme qui a perpetré ce crime n’a jamais son esprit en repos, et que sans cesse la justice de Dieu l’espouvante, l’astuce du malin esprit estant telle, afin que, quand il a reduit à ce point quelque pauvre insensé, il le tourne et le manie à sa guise, luy promettant tout et ne luy donnant jamais rien, n’ayant pas de quoy se bien faire à soy-mesme.

Au contraire, pour recompense de dix ou douze


8. Mortaises.