Page:Variétés Tome V.djvu/267

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Touchant les charcuitiers, poullayers, et autres telles gens qui font monter les broches sur les landiers, voilà leur Enfer et leur Purgatoire, où ils auront le loisir de desgresser leurs habits ; voilà leur labirinthe, leur fleau, leur mession, leurs vacances et grand jour de sabath : par quoy, s’ils ont quelques pèlerinages à faire, ils ont commodité de les accomplir, encor que la pluspart de leurs trouppes, qui fondent en devotion comme les pierres font au soleil, voyagent plus à Saint-Main8 et Saint-Calery qu’ailleurs, principalement quand le blond Phœbus éclate ses rayons sur le Pont-Neuf de Paris, et sur le port de Rouen, où la pluspart tiennent des classes publiques pour apprendre à parler quatre sortes de langues, à sçavoir : normand, parisien, picard et bon jargon de Grève, sindiquer le livre de Ciceron, et tenir conseil pour faire la guerre aux sappinettes. De vray, ces laquais de Proserpine, imittans les chevaliers de la table ronde, sont si genereux,


ment du XVIIe siècle. Quand l’enceinte fut reculée, les joueurs se transportèrent auprès des nouveaux remparts, sur le terrain qu’occupa plus tard la rue nommée à cause d’eux rue des Jeux-Neufs, puis, par altération, rue des Jeuneurs.

8. Le mal saint Main, c’étoit la gale, qui s’attaque surtout aux mains. Pour une galeuse on disoit une demoiselle de saint Main. (Oudin, Curiosités françoises, p. 494.) Le nom de l’autre patron doit se lire saint Galery, et alors il s’explique de lui-même. Henri Estienne, dans l’Apologie pour Hérodote, et Cornélius Agrippa, De vanitate scientiarum, chap. 57, se sont moqués de ces patronages qui n’avoient d’autre raison que la ressemblance du nom du patron avec celui de la maladie patronée.