Page:Variétés Tome V.djvu/33

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et, demandant à mon sergeant si il faloit passer les montaignes et si il y avoit encore bien loing où il faloit aller, le sergeant dit que de dix jours, voire de quinze, je ne nous arresterions point, et qu’il y avoit bien d’autre passage à faire. Moy, qui n’avois jamais passé Sainct-Clou ou Vaugirard, je luy dis : Or, donné-moy mon congé ; car je me doutois de ce qui m’est advenu. Le capitaine qui pour lors estoit, entendant la parole, se retourne, et dit au sergeant : Que l’on le mette sur le derrière de la charrette ; puis estant au cartier, nous sçaurons quel gens d’arme il est. À l’instant le sergeant me donne quatre ou cinq grands coups au travers du dos et des fesses avec sa halebarde, que je fus contraint de cheminer3. Tant cheminasmes que nous arrivons


que Dumersan ait cru devoir la mettre dans son volume de Rondes enfantines. Une chanson (coraula) du canton de Fribourg, qui semble n’être qu’une traduction de nos couplets contre le duc de Savoie, reproduit aussi la même plaisanterie :

Noustrhou prinschou de Schavouye
Lié mardjuga on boun infan
Y l’ia leva oun’ armée
Dé quatrouvans paijans,
Ô vertuchou, gare, gare, gare !
Ô rantanplan, garda devant
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
Quand nous fum sur la montagne,
Grand Dieu ! que lou monde est grand !
Fajin vito oune détzerde
Et pu retornin nojan !

Cette chanson est citée par M. G. Brunet dans sa curieuse brochure : Notice sur Gilion de Trasignyes. Paris, Techener, 1839, in-8, p. 32–33.

3. Dans une autre chanson sur ce sujet, qui n’est même qu’une sorte de variante de celle-ci, et dont nous avons trouvé