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Page:Variétés Tome V.djvu/354

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Nous enleva dans la fleur de ses ans2.
Fasse le Ciel, appaisant sa colère,
Qu’un jour le fils nous remplace le père !
Nous ne pouvons souhaiter aujourd’hui

Rien de plus doux, ni pour nous ni pour lui.

Mais arrêtez : que vois-je ici, ma Muse ?
Vous qui d’abord, etonnée et confuse
Et dans le cœur murmurant contre moi,
Vous defendiez d’accepter cet emploi,
Au tendre nom du Dauphin de la France
Vous reprenez toute votre assurance,
Et semblez même, à votre air vif et gai,
Ne demander qu’à partir sans delai.
Je vois le point, et je crois vous entendre :
Pour un enfant dans l’âge le plus tendre
Et qui ne compte encor que trois moissons,
Me dites-vous, faut-il tant de façons ?

Muse, tout doux : qui vous laisseroit faire,
Vous me feriez à la cour quelque affaire.
Je crois vous voir, prompte à vous oublier,
D’un pas leger et d’un air familier,
Vers le Dauphin, pour debut d’ambassade,
Les bras ouverts, courir à l’embrassade.
Autant en fit, dans un semblable cas,
Jeune marquis que vous ne valez pas ;
Autant en fit, et compta sans son hôte :
Retenez-en, Muse, et n’y faites faute,
Toute l’histoire. Au prince, certain jour,
Ce jeune enfant alloit faire sa cour.


2. Le duc de Bourgogne, dont le Dauphin, qui l’année suivante devoit devenir le roi Louis XV, étoit le troisième fils.