Page:Variétés Tome V.djvu/357

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Allez donc, Muse, et desormais, instruite,
Sur ces leçons reglez votre conduite ;
De ce soleil sous l’enfance éclipsé
N’approchez point d’un air trop empressé ;
Sans affecter des airs de confiance,
Qu’une modeste et naïve assurance
Gagne le prince et puisse de sa part
Vous attirer quelque tendre regard ;
Haranguez peu, mais que votre visage
De votre cœur exprime le langage.
Je ne dis pas qu’un petit compliment
Assaisonné du sel de l’enjoûment
N’eût son mérite et même ne pût plaire ;
Mais l’embarras, Muse, est de le bien faire.
Le tout dépend des momens et du tour ;
Vous l’apprendrez des rheteurs de la cour :
Point ne connois, pour l’art de la parole,
De plus adroite et plus subtile école ;
Le beau parler vint au monde en ce lieu,
Et compliment est leur croix de par Dieu.
L’air du pays, qui de lui-même inspire,
Vous dictera ce que vous devez dire.
Si cependant vous doutez du succès,
Retranchez-vous à faire des souhaits :
C’est un encens qui fut toujours de mise ;
Mais faites-les en Muse bien apprise.
Vous trouverez de quoi dans le Dauphin,
Et sur son compte on en feroit sans fin.
Souhaitez-lui les vertus de son père ;
Ajoutez-y les graces de sa mère
L’ame et le cœur du Dauphin son ayeul,
De Louis, tout : il comprend tout lui seul ;