Page:Variétés Tome VI.djvu/16

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uns contre les autres au milieu de la rivière de Seine6, qui avoient une perpetuelle action et un mouvement continuel, sans que l’on peust recognoistre qui les faisoit mouvoir, au milieu de laquelle circonferance il y avoit un rocher eslevé d’une toise et demie de hauteur, sur lequel estoit un aigle d’une excessive grandeur, et Jupiter posé dessus, tenant son foudre à la main, qui lança sur les geans


6. Les feux d’artifice étoient tirés, au XVIIe siècle, soit sur des bateaux en pleine Seine, comme celui dont l’ambassadeur d’Espagne donna le spectacle aux Parisiens en 1722, à l’occasion de l’arrivée de l’infante, et qui fut disposé avec beaucoup d’art entre le Pont-Royal et le Pont-Neuf (V. Journal de Marais, Rev. rétrosp., 30 nov. 1836, p. 182), soit sur le Pont-Neuf même. C’est là que fut tiré celui des fêtes de la naissance de Louis XIV, qui inspira ces vers de Saint-Amant :

————Au milieu du Pont-Neuf,
————Près du cheval de bronze,
————Depuis huit jusqu’à neuf,
————Depuis dix jusqu’à onze,
On fit un si grand feu qu’on eut grand’peine
————De sauver la Samaritaine
————Et d’empêcher de brûler la Seine.

Voy. aussi le Journal de Barbier, t. 2, p. 138, 241, 304. — Sous Louis XIII, les particuliers qui vouloient se donner ce divertissement se rendoient dans l’île Notre-Dame (île Saint-Louis), à peu près inhabitée, et y tiroient leurs feux d’artifice. Une fusée lancée de là par un jeune garçon, pendant les fêtes de la Saint-Jean de cette même année 1618, tomba sur un bateau du port au Foin, qui prit feu, et qui, s’en allant à la dérive, incendiant les autres bateaux, faillit embraser le pont. (Mercure françois, 1618, p. 25.)