Page:Variétés Tome VI.djvu/168

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se convenoient parfaitement, tant par leur condition et leur humeur que par un attachement reciproque. La ceremonie du mariage fut arrestée pour estre faite de grand matin. Palmis, un oncle de Theador, homme agé, fort gay, et qui ayme à se faire autant qu’il peut un plaisir de tout ce qui se presente, fut convié de la nopce, ainsi que l’usage le demande ; il promit de s’y trouver. Après cette promesse, il prit son neveu Theador en particulier et luy dit : « Mon cher neveu, j’iray à votre nopce, et je pretends y avoir du plaisir et vous en faire : c’est sous ces deux conditions que je m’y trouveray. Le plaisir que je pretends vous faire, c’est de vous donner deux mille ecus, mais à condition que vous m’en accorderez un autre. Ce n’est pas à dancer que je demande, car mon age ne le permet pas ; le festin me touche encore moins, car je suis ennemy des grands repas. Voicy donc ce que j’exige de vous. » Il luy dit ensuite en secret ce qu’il souhaitoit, luy fit promettre de n’en rien dire à personne, l’assurant que, s’il ne gardoit pas exactement ce secret, il ne luy donneroit pas les deux mille ecus. Theador luy promit d’estre fidele : on sçaura dans la suite de quoy il s’agissait. Le mariage se fit la nuit suivante. À deux heures du matin on coucha la mariée, et tout le monde se retira. Theador se deshabille, ensuite prend sa robe de chambre, tire une montre sonnante de sa poche, la met sur la table, et luy se place sur une chaise auprès du feu, et reste tranquillement dans cette situation, sans dire un seul mot. Cephise impatiente l’examine ; et enfin, trouvant ce procedé