Page:Variétés Tome VI.djvu/273

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fort pressée (à la verité c’estoit pour une assignation de gueule). » Nonobstant ceste remontrance, la promptitude l’emporta à dire : « Mon amy, vous le verrez demain au Palais si bon vous semble ; il a affaire pour le present, et quoy que vous ayez peu à luy dire, cela ne laisseroit de le destourner de mes affaires. Bon souhait et bonne santé. — Grand mercy, Monsieur, dit le clerc ; vostre courtoisie m’oblige beaucoup ; elle m’obligeroit davantage si elle permettoit que mon desir reussist, ce que je ne desirerois toutesfois, puisque l’abondance de vos affaires ne le permet, sur lesquelles je n’ay que voir ; mais je ne laisseray de dire, avec vostre permission, que naguères vous luy faisiez coppier des bulles de nostre sainct père pour gaigner les pardons à Pasques, et ce à faute d’autre besongne. Ne faictes point tant l’empesché. » Ce clerc, ainsi esconduit, sortit à l’instant de ce cornard logis, non pas sans barbotter diverses imprecations contre ce tyran clerc en ces termes : « Ah ! faut-il qu’un homme de si peu de merite soit procureur ! Ah ! faut-il qu’un mesprizeur de gens de bien se voye eslevé par dessus eux ! Ah ! que l’influence qui a causé cet effect estoit mauvaise ! À la mienne volonté que j’eusse la super-intendance de la justice pour quelque temps ! je ferois de belles ordonnances, et commencerois par la deposition de beaucoup de ces ignares qui ne sçavent guère par delà la facture d’un defaut simple. Je me trompe tant soit peu, car aucuns d’eux taschent de faire une production lorsqu’il y a un advertissement ; encore est-ce fort peu, car l’urgence de leurs grandes et importantes affaires cause qu’ils imittent la cour,