Page:Variétés Tome VI.djvu/301

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Je devrois me voir assouvy
De biens, pour vous avoir servy,
Et malheur sur malheur j’entasse.
Ô ! que maigre est vostre pouvoir !
De vous on ne sçauroit avoir
Que sur la fin une besace.

Ovide pour vous fust banny,
Et se vist rudement puny
Pour avoir suivy vostre audace ;
Vous luy causates son mal-heur,
Il n’eust de vous autre faveur
Que sur la fin une besace.

Homère, mignon d’Apollon,
Avec son grave violon,
Ne receut de vous autre grace
Que de mandier en tous lieux.
Que puis-je donc pretendre mieux,
Que sur la fin une besace ?

Ainsi, belles et doctes sœurs,
Pour avoir gousté vos douceurs,
Je suis une horrible carcasse,
Je suis la mesme pauvreté :
Vous n’avez autre charité
Que sur la fin une besace.

Adieu doncques, Muses, adieu,
Je n’iray plus en ce beau lieu
Où je contemplois vostre face,
Où vos lauriers je cherissois,
Puisque de vous je ne reçois
Que sur la fin une besace.