Page:Variétés Tome VI.djvu/323

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gentilhomme nommé Vaudoisy. Enfin ledit Carrefour fut gendarme de la compagnie de monseigneur le duc de Lorraine, de laquelle le feu sieur de la Rochebaron estoit lieutenant, qui recogneut les deportemens dudit Carrefour, lequel menoit une vie de boëmien, comme il en avoit la vraye semblance, et trompoit ordinairement ses camarades, qui ne se pouvoient garder d’estre attrapez3 de luy ; dont ayant receu plusieurs plainctes, ledit sieur de Rochebaron le manda en une sienne maison nommée Rochetaillé, prez Langres, et, luy ayant remonstré ses mauvais deportemens et que ses camarades en estoient offensez, après l’avoir exorté de mieux vivre à l’advenir en une autre compagnie, le congedia ; ce qui fut cause que ledit Carrefour se rallia avec de mauvais garnimens comme luy, et courut en Lorraine et jusques proches de Francfort, où il fit plusieurs vols, et après se retira en sa maison audit Mailly, où l’on tient qu’il apporta force argent ; et dès lors commença de mener un trin de gentilhomme. Mais la noblesse de l’Auxerrois, qui recogneut bien que l’advancement dudit Carrefour ne pouvoit provenir que de volleries, ne le voullurent admettre en leur compagnie, qui fut cause qu’il s’acosta encores plus que devant de bandolliers4 et gens de


3. C’est ce qui est dit dans le passage de l’Inventaire de l’histoire générale des larrons cité dans notre première note.

4. C’est le premier nom qu’on donna aux voleurs allant par bandes. Celui de bandit vint après. Des Périers parle, dans ses contes, d’un certain Cambaire, fameux bandoulier des environs de Toulouse, qui, comme Carrefour, avoit d’abord été bon soldat et s’étoit même acquis le « renom de