Page:Variétés Tome VI.djvu/35

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n’oseriez vous trouver au lendit de Sainct-Denys11. Une autre nouveauté, c’est les habits de certaines damoiselles imprimées nouvellement qui sont habillées à la suisse, faisant boufer hors des manches le taffetas, comme les brayettes d’iceux Suisses12, où il y a du nez, quoy qu’on en die ; mais elles gastent toute la bigarure avec leurs fausses perruques, saulpoudrées de poudre de Cypre13 (c’est discrettement fait), à sçavoir pour corrompre une plus mauvaise odeur cachée dessouz, et pro causa14. Je les entends desjà, ce me semble, car elles ont bon caquet : « Nostre-Dame, ma mie, ma commère, qu’est


11. On sait que le landit étoit la foire qui se tenoit à Saint-Denis dans la dernière quinzaine de juin.

12. V. le Satyrique de cour, dans notre t. 3, p. 248, note.

13. Cette poudre, dont nous avons déjà parlé, t. 3, p. 253, note, resta long-temps en faveur pour la toilette des hommes comme pour celle des femmes, surtout pour les perruques :

Le matin y met de l’ambre,
De la pommade, de l’iris,
Des poudres du nom de Cypris,
Qui s’attachent à la pommade.

Vers à la Fronde sur la mode des hommes, présentés aux curieux du temps…, 1650, in-4.

« Diane, lit-on dans le Francion, édit. de 1663, p. 267, se plaignit à sa servante de ce qu’il y avoit eu quelque gueux qui avoit fait de l’ordure dedans son banc. Ce fut cela qui l’en fit sortir ; mais la poudre de Cypre dont vous étiez couvert vous empescha de sentir une si mauvaise odeur. »

14. Ce qui donne raison à ce joli distique de Martial dans l’une de ses épigrammes (liv. 2, épigr. 12) :

Hoc mihi suspectum est, quod oles bene, Posthume, semper.
Hoc mPosthume, non bene olet, qui bene semper olet.