Page:Variétés Tome VII.djvu/115

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envie de se faire pendre pour une mauvaise action. — Voulez-vous que je vous die ? reprit Sylon ; ma foy, moquons-nous de luy tant qu’il nous plaira ; si n’en peut-il si peu sçavoir qu’il n’en sçache autant que la pluspart de ceux de sa profession qui passent pour les plus habiles. — Que dites-vous, repondit l’historien, et à quoy pensez-vous ? La poesie françoise n’est-elle pas aujourd’huy en un tel poinct qu’il ne s’y peut rien adjouster ? Et le poëme dramatique, entr’autres, ne s’est-il pas elevé à un tel degré de perfection que, du consentement de tout le monde, il ne sçauroit monter plus haut ? Se peut-il rien voir de plus beau que le sont la Mariane25, l’Alcionée26, l’Heraclius27, les Visionaires28 ? — Aussi ne condamnay-je pas, repliqua Sylon, toutes les pièces de theatre ny tous les poëtes ; et je vous


25. Tragédie de Tristan Lhermite, qui, jouée en 1636, balança le succès du Cid (Histoire du théâtre françois, t. 5, p. 191). Mondory jouoit le rôle d’Hérode, qui lui coûta bon, comme dit Tallemant, « car, comme il avoit l’imagination forte, dans le moment il croyoit quasi être ce qu’il representoit, et il lui tomba, en jouant ce rôle, une apoplexie sur la langue qui l’a empêché de jouer depuis. » (Édit. in-12, t. 10, p. 45.)

26. Tragédie de du Ryer, jouée en 1639. C’est là que M. le duc de La Rochefoucauld prit les deux vers dont il fit la devise de son amour pour Mme de Longueville :

Pour obtenir un bien si grand, si précieux,
J’ai fait la guerre aux rois, je l’aurois faite aux dieux.

27. C’est la tragédie de Corneille, jouée en 1647.

28. Comédie de Desmarets, représentée en 1637 avec un immense succès. On l’appeloit l’inimitable comédie.