Page:Variétés Tome VII.djvu/138

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fois autant que lors elles se vendoient ; ce qui est bien aisé à prouver et verifier en toutes, soit en vente de terres, maisons, fiefs, vignes, bois, prez, ou enfin chairs, laines, draps, fruicts et autres denrées necessaires à la vie de l’homme.

Pour venir à la preuve de cela et commencer par les vivres, il faut seulement regarder aux coustu-


de Bordeaux, et c’est ce qui expliqueroit pourquoi c’est dans cette ville que parut la première édition de son Discours, qui ne fut réimprimé à Paris que huit ans plus tard, c’est-à-dire en 1594. Le titre de cette édition parisienne, donnée par P. L’Huillier, pet. in-8, porte 1574, mais à tort : car le Discours de Jean Bodin, dont l’auteur de celui-ci déclare s’être inspiré, n’avoit paru qu’en 1578, c’est-à-dire l’année même où l’extrême cherté de toutes choses avoit ému le gouvernement et lui avoit donné l’idée de réunir, afin d’y aviser, tous les notables du commerce, de la bourgeoisie et de la magistrature. Ces assemblées, sortes d’états généraux de l’économie politique, comme l’a fort bien dit M. Paul Lacroix dans un récent et remarquable travail sur cette matière (Rev. contemporaine, 31 déc. 1856), se tinrent à Saint-Germain-des-Prés. Elles n’aboutirent à rien, sinon à faire prouver, en paradoxes, par les gens du roi, les sieurs de Malestroit et François Garrault, sieur de Gorges, « que rien n’estoit enchery depuis trois cents ans ». Les gouvernements sont toujours les mêmes : dire que le mal n’existe pas, voire le faire prouver, au besoin, leur paroît plus facile que d’y remédier. Le meilleur avis qui fut donné étoit, comme toujours, de ceux qu’on ne demandoit pas : c’est celui de Jean Bodin. De lui-même, et un peu à l’instigation du duc d’Alençon, frère du roi, qui, là comme partout, ne cherchoit qu’à jouer un rôle d’opposition, Bodin eut à cœur de dire leur fait à M. de Malestroit et à ses paradoxes, comme ledit sieur intituloit lui-même sa façon de penser,