Page:Variétés Tome VII.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la condition sus dite, que le premier fils des rois s’appelleroit Dauphin, il en fit meilleur marché qu’il n’eust faict autrement. Tant y a que, puisque c’est vendition, elle est à si vil pris que c’est presque donation.

Le mesme roy Philippe de Valois achepta du roy Jacques de Majorque la ville de Mont-Peslier pour la somme de vingt-cinq mille florins d’or. Et dans la dite ville il y a aujourd’huy cinquante maisons dont la moindre se vendroit presque autant, ou pour le moins cousteroit autant à bastir.

Herpin, comte de Berry, voulant aller à la guerre de la Terre-Saincte avec Godeffroy de Bouillon, vendit son comté au roy Philippe premier du nom pour la somme de cent mille sols d’or ; et aujourd’huy le dit païs, qui par le roy Jean fut erigé en duché en faveur de Jean, son troisiesme fils, qui en fut le premier duc, vault presque autant de revenu.

Guy de Chastillon, comte de Blois, deuxiesme du nom, l’an 1391, vendit à Louys, duc d’Orléans, frère du roy Charles sixiesme, le dit comté, pour la somme de cent mille florins d’or. Il y en a qui disent que ce fut Marie de Namur, sa femme, qui, aymant d’une amour deshonneste le dit duc d’Orléans, luy donna le dit comté ; mais que, pour couvrir ses amours et sa donation d’une honneste couverture, elle fit passer un contract de vendiction.

Qu’on regarde à plusieurs maisons, terres, fiefs, seigneuries, arpens de terres, de bois, de vignes, de prez, et d’autres choses auxquelles on n’a rien augmenté depuis soixante ans : aujourd’huy elles se vendent six fois autant qu’elles furent lors vendues.