Page:Variétés Tome VII.djvu/165

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drap d’or, de velours, de satin et de damas, ny tant de bordures exquises46, ny tant de vaisselle d’or et d’argent ; on ne faisoit point faire aux jardins tant de beaux parterres et compartimens, cabinets, allées, canais et fontaines. Les braveries apportent une excessive despense, et ceste despense une cruelle cherté, car des bastimens il faut venir aux meubles, à fin qu’ils soient sortables à la maison, et la manière de vivre convenable aux vestemens, tellement qu’il faut avoir force vallets, force chevaux, et tenir maison splendide, et la table garnie de plusieurs mets. Outre ce, chacun a aujourdhuy de la vaisselle d’argent, pour le moins la plus part ont des couppes, assiettes, aiguières, bassin, autres menuz meubles, au lieu que noz pères n’avoient pour le plus, j’entends des plus riches, que une ou deux tasses d’argent. Ceste abondance de vaisselle d’or et d’argent, et des chaînes, bagues et joyaux, draps de soye et brodures avec les passemens d’or et d’argent, a fait le haussement du pris de l’or et de l’argent, et par conséquent la cherté de l’or et de l’argent, qu’on employe en autres choses vaines, comme à dorer le bois47, ou le cuivre, ou l’argent, et celuy qui se devoit employer aux monnoyes a esté mis en degast.



46. Sur tout ce luxe de tapisseries, V. encore Rabelais, ibid., ch. 55 ; V. encore Antiquités de Paris, liv. 9, ch. Tapisseries.

47. On doroit alors déjà le bois des fauteuils, ou bien on l’argentoit. V. Description de l’isle des Hermaphrodites, au chap. Suite de la relation.