Page:Variétés Tome VII.djvu/177

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quelques impositions son peuple60, lequel doit esperer une decharge d’icelles quand Sa Majesté aura purgé son royaume des divisions qui y ont jusques icy esté, et doit le peuple avoir consideration à cela, comme pour sa bonté et patience accoustumée il a eu jusques icy. Les charges donc qui sont survenues sur les calamitez des guerres et sur cinq ou six années, qui subsequutivement ont esté steriles, sont si grandes, que le pauvre laboureur n’a plus aucun moyen de les supporter ; il n’a (comme il a esté dit) ny bled pour vivre, ny pour semer, ny pour payer ses debtes. S’il a du bled pour semer, il n’a point de chevaux pour labourer : car, ou les collecteurs des tailles les luy enlèvent pour le payement d’icelles, ou le soldat, auquel tout est permis, les luy volle, ou il est contraint de les vendre, pour n’avoir moyen de les nourrir. Ainsi les terres demeurent à estre semées à faute de semence, et à labourer à faute de chevaux, et n’estans les terres ensemencées il n’y a point de bled, et de là vient la


60. Du Haillan oublie, dans les causes de la misère publique, la mauvaise administration des finances. On diroit qu’il craint d’en parler. N. Froumenteau, dans son très curieux livre Le secret des finances de France descouvert et departi en trois livres, etc., paru à la même époque, n’avoit pas eu pareille retenue. Ses plaintes se font jour jusque dans l’Epistre au roy, en tête de son ouvrage. Il y montre les finances « merveilleusement altérées, et tout par faute de n’avoir été fermées sous une bonne et asseurée clef ; car il y a, dit-il, des crochets de tous calibres : crochets tortus, crochets mignards, crochets prodigues, crochets subtils, crochets de femmes. »