Page:Variétés Tome VII.djvu/23

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voulurent jamais accorder, disant qu’elles ne la laisseroient jamais en cest estat. Après donc avoir satisfait de ce qui restoit au coche, lequel passe outre, commencèrent de faire bonne vie ; et, voyant que leurs courtisans, qui se devoient trouver en ce lieu bien montez à celle fin de les ramener en trousses au dict logis preparé, n’estoient encores arrivez, incontinent commencèrent d’envoyer un homme qui estoit dressé au badinage au devant, lequel n’eut pas fait une lieue et demye qu’il fit rencontre de ces petits mignons tous escretez comme une poire de chiot. Mes dames les bourgeoises, qui estoient continuellement au guet, n’eurent pas si tost descouvert leurs favoris, que ce fut à qui d’entr’eux yroit la plus viste pour donner le baiser à celuy qu’elle affectionnoit ; semblablement ces jeunes godelureaux, voyant leurs maistresses approcher, incontinent voulurent commencer à contre-faire les escuyers et de forcer leurs chevaux de faire ce qu’ils n’avoient jamais apris, estant plus propres à tirer un tombereau de boue que de faire des passades. Après avoir mis pié à terre, et de part et d’autre s’estant donné les accolades, ils ne furent si tost arrivez au logis que voilà la table couverte de très bons morceaux que mes dames les bourgeoises avoient faict apprester. Pendant le disner, ce ne fust qu’a rire et folâtrer, discourant de la ruse et finesse de laquelle ils s’estoient servis pour obtenir congé de leurs maris, qui devoient bien avoir pour lors le tintouin aux oreilles4.



4. C’est-à-dire que les oreilles leur tintoient, comme