Page:Variétés Tome VII.djvu/248

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et murailles ; ton Mont sera Pillé3 si tu ne plies sous le joug de l’obéissance ; les divisions qui sont parmi tes Citadins le peuvent tesmoigner, et les desordres continuels qui sont au milieu de ton enclos en pourront porter suffisante preuve.

Dernièrement, que les habitans de Montpellier voulurent mettre le né au vent pour faire une sortie, et qu’on leur tailla de si belles croupières, où mesme un de leurs principaux capitaines fust estendu sur la place, les femmes et les filles de la dite ville ayans eu le bruit de cecy s’assemblèrent en un lieu pour ensemblement deplorer leurs malheurs et abjurer la guerre cause de tant de maux.

Se caussam clamant, crimenque, caputque malorum,
Filia quæque manu flavos Mons pessula crines,
Et roseas trahit ungue genas4.

Il semble que Virgile eût prophetisé ces vers sur Montpellier, veu qu’on ne les sçauroit adapter à chose où il y ait plus de correspondance : car les bourgeoises de ceste ville, qui ont de coustume de voir un nombre infini de jeunes godelureaux qui y vont estudier en medecine, estant privées de leurs douces compagnies et des joyeux passe-temps que leur entretien leur donnoit auparavant ceste revolte,


3. Ce mauvais jeu de mots sur le nom de Montpellier se trouvoit presque justifié par les menaces que le prince de Condé prêtoit au roi : « Il avoit dit, en plusieurs endroits, que si le roy entroit dans Montpellier, il donneroit la ville au pillage. » (Abrégé chronol. de l’Hist. de France, pour faire suite à celui de Franç. de Mézeray, t. 1, p. 308.)

4. Ces vers sont une altération de ceux de Virgile, Æneid., lib. 12, v. 600–605.