Page:Variétés Tome VII.djvu/35

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venues ? Elles n’ont par ma foy garde, si ce n’est en dormant, ou bien que ce lict les retournast en carosse. — Et pourquoy ? dirent les autres. Pource que voilà vos deux femmes avec la mienne, et, par ce moyen, nous sommes frappez les uns et les autres d’un mesme coing. »

Leur parler, qui avoit esté jusques alors enroué comme basse-contre, commença, après la chose averée, à crier à qui plus plus pour esveiller leurs femmes, et de crier les uns d’un côté, les autres d’un autre. « Eh bien ! disoient-ils, Mesdames, vous estes ici ? — Et vous, messieurs les ruffiens, disoient-elles, qui vous y a amenez ? N’est-ce pas ce que l’on nous a tousjours dit tant de fois, qu’incontinent que nous estions absentes, que vous veniez en ce bordel depenser tout nostre bien. Ô ! c’est nous, c’est nous qui avons eu maintenant vostre argent ! » Et de semer injures à milliers, tellement que mes pauvres bourgeois ne pensent respondre à leurs interrogants. L’autre Proserpine commençoit sa harangue, en sorte qu’ils n’eussent sceu respondre un seul mot, et firent tant qu’eux-mesmes se dirent pour lors avoir le tort, à cette fin de ne point apporter de scandalle en ce lieu, et se retirèrent de la façon, y laissant mesdames les bourgeoises.

Ces pauvres Jonas, estans ensemble, tindrent quelque propos de ce fait. L’un disoit : « Ce ne fut point ma femme qui coucha avec moy, car j’ay quelque peu estudié en la geometrie ; je me commis en la longueur, largeur et grosseur. — Vrayment ! dit l’autre, je ne vis jamais livre qui traittast de cette matière, et si je ne laisse pas de cognoistre que ce