Page:Variétés Tome VII.djvu/43

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Rechercher son Pactole, et là, nouveau Midas,
Flûter comme un bouvier à ceux du Canadas.
Il feroit beaucoup plus de te laisser, grand prince,
Paisible gouverneur des foux de ta province,
Non point chanter aux sots, afin de les renger,
Que ton predecesseur fust fils d’un boulanger,
Et, par droict successif, qu’il doibt estre en ta place,
Ou pour en estre extraict, ou pour ce qu’il te passe
En degrez de folie, et qu’encore il reçoit
L’honneur d’estre dict sot, quelle que part qu’il soit.
Je m’afflige de voir ta Majesté reduitte
Soubs le joug de celuy quy faict ceste poursuitte ;
Je m’afflige de voir qu’un sujet de ta loy
Ne fasse point estat d’un prince tel que toy,
Foule aux pieds ta grandeur, et d’une gloire sotte
Te ravisse des mains ton sceptre et ta marotte,
Mesprise ton pouvoir et ne cherche jamais
Que de te contrefaire en tout ce que tu fais.
Je le vy l’autre jour, en la rue de la Harpe,
Quy, pour mieux t’imiter, se bravoit10 d’une escharpe
Dont les bouts luy passoient par dessus le manteau,
Ainsy que les cordons d’un valet de bourreau
Qui, bien ayse d’aller commencer son espreuve,
Faict voir en les monstrant qu’il va faire chef-d’œuvre
Sur un tel que ce sot qui, prince pretendu,



des nombreuses bandes de mendiants qui en partoient pour le Canada que cette partie de Paris commença de s’appeler alors la Nouvelle-France, nom qui s’est étendu au faubourg Poissonnière, qui en étoit la continuation. La caserne qui s’y trouve l’a seule gardé.

10. Se parer avec forfanterie. Ce mot est dans Montaigne, liv. 3, ch. 10.