Page:Variétés Tome VII.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le monstrer à sa trongne ou ses habillemens
Aussy naïvement que si Zeuze ou Paraze12,
Appelle ou Protogène, avoit depeint un aze13.
Il a, premierement, les sourcils retirez,
Les yeux plus que les chats et les foux egarez,
Le front noirement jaune, où la crasse s’escaille
Comme le plastre neuf sur la vieille muraille,
Quand le masson n’a pas haché par quelque endroict
Ou qu’il n’a pas mouillé son mur comme il falloit ;
Le rire aussy plaisant comme est une grimace
D’un petit marmiton que son maistre menace,
Le nez long et petit, par le bas racourcy
Comme celuy d’Aelle et de ses sœurs aussy,
Dont le goust en est doux et la senteur friande
Comme de ces trois Sœurs qui gastoient la viande14
Du malheureux Phinée avant que Calaïs
Et son frère germain s’en feussent esbahis.
Belle figure à voir, sa gorge est yvoirine
Comme un os que les chiens rongent à la cuisine ;
Sa lèvre espoisse est jaune et son bec relevé
Comme sont les bourletz qu’on met sur le privé.
Aussy ne croy-je point qu’un retraict soit si salle,
Bien qu’il soit tout remply de matière fecalle,
Que peut estre sa bouche, où toujours il reçoit
Ce quy de plus vilain se prononce et se voit.
La face assez jaunastre, où, s’il a chaud, il colle
Une jaune sueur à la farine folle15 ;
Ridé par tous endroicts comme les fruicts de Tours



12. Les peintres Zeuxis et Parashius.

13. Un âne.

14. Les harpies.

15. On voit que les farceurs se couvroient le visage de farine, comme notre Pierrot, qui a seul gardé la tradition.