Page:Variétés Tome VII.djvu/79

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avec les rouets10 d’arquebuze. Ha ! quelle desolation ! Vous estes des bourreaux sans misericorde, vous en serez payez au double, car il n’y a point de supplice qui puisse esgaller vos forfaits et demerites. On disoit l’an passé que, vous estans en Poictou, après vous avoir rendus souls comme bougres11, enyvrez jusques à jetter le vin par la gorge, par le nez et par les yeux, miserables que vous estes, vous renversiez les muids de vin dans les puits à faute de contenter vos maudites volontez par argent. Mais, quoy ! que dict-on de vous en ceste armée ? Je ne sçay si je dois croire : on dit que, pour avoir de l’argent, vous despouillez les hommes à leur chemise, et les battez et outragez de telle sorte que plusieurs en sont morts. Au diable soit donné vostre race ; vous aurez bonne issuë de tout cecy un de ces matins.

Moy, Guillery, ayant esté si consciencieux, si fidelle, si accostable et si peu soucieux de ces richesses du monde, si ennemy des meurtriers, pour avoir fui, hay le meurtre, le sang et la cruauté ; pour avoir esté si doux et si clement envers les marchands que de ne prendre que la moitié de leur ar-


ces bandits, et qui consistoit à serrer violemment avec de fortes cordes le front du patient jusqu’à ce qu’il eût dit où se trouvoit tout ce qu’il avoit d’argent.

10. C’est-à-dire qu’ils leur serroient les pouces dans les ressorts de leurs arquebuses à rouets. Les locutions, encore populaires, serrer les pouces, faire mettre les pouces à quelqu’un, pour le faire céder, doivent venir de là.

11. C’est-à-dire comme Bulgares. Ils partageoient alors la réputation d’ivrognerie des Polonais, leurs voisins.