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II.

14 juin 164210.

Depuis le départ de M. de Miniers, il est arrivé un courrier à la reine qui porte ordre à Sa Majesté, de la part du roi, de demeurer à Saint-Germain et de veiller à la conservation d’elle et de messeigneurs ses enfans. Aussy il y a une lettre à madame Lansac, par laquelle il lui ordonne de porter plus de respect à la reine qu’elle n’a coutume11, et une autre à M. de Montigny, qui lui commande de ne recevoir ordre de personne que de la reine12. Ces let-


10. Vineuil étoit loin de savoir ce qui se passoit à Narbonne pendant qu’il écrivoit à Paris. À cette date même du 14 juin 1642, Cinq-Mars, qu’il croyoit triomphant, étoit arreté, et Richelieu, qu’il croyoit perdu, triomphoit à son tour, et plus sûrement. Cette lettre n’est pas curieuse à ce point de vue seulement ; elle contient des faits qui, bien examinés, font prévoir des volte-face de fortune, et qui éclairent, comme on le verra, sur la personne longtemps cherchée de qui vint ce dénouement inattendu : la découverte du complot du favori et le salut du ministre.

11. Mme de Lansac étoit gouvernante du dauphin et hostile à la reine jusqu’à la grossièreté. Tallemant en donne des preuves (édit. in-12, t. 2, p. 223). Après la mort du roi, ses manières n’ayant pas changé, elle fut renvoyée (Mémoires de Motteville, coll. Petitot, 2e série, t. 37, p. 27.)

12. Le maréchal de Montigny étoit, au contraire, tout dévoué à Anne d’Autriche. C’est lui qui avoit obtenu qu’on lui laissât toujours la garde de ses enfants. (Mémoires de