Page:Variétés Tome VIII.djvu/144

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Pour les atours qu’auprès d’elle l’on couche ?
Si vous gardez encor le souvenir
Du temps auquel on vous pouvoit tenir,
En ce temps-là vous estiez sans dentelles :
Donc autresfois vous n’avez esté belles.
Tout cet abus gist en l’opinion
Et n’est au vray que pure illusion :
Car dans six mois seroit une folie
De ramener ceste mode abolie.
Telle aujourd’huy qui la raison combat,
Qui semble belle en un simple rabat,
Douce, agreable et humble comme un ange,
Avec un autre elle seroit estrange.
Je jure, moy, par le flambeau du jour,
Que jamais tant vous ne donnez d’amour
Qu’en simple habit, ou estant toute nuës :

Deux veritez qui sont par trop cogneuës.

J’advoue bien qu’un subit changement
Peut esbranler un ferme jugement ;
Le mal vous cuit et vous fait de la peine.
Mais qui croiroit guerir une gangrène
Ou un ulcère avecque peu de mal,
Le medecin seroit un animal.
Les vanitez, le luxe et les delices,
Qui, en un mot, sont l’amorce des vices,
Chancres malins corrompent les citez,
Et sans douleur ne sont point emportez.
Je veux du mal à celles qui, peu sages,
Vont ramenant ces funestes usages
En violant les edicts et les loix,
Ouvrage sainct de tant de braves rois ;