Page:Variétés Tome VIII.djvu/148

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te plaindre d’argent, et t’ay veu tousjours jouer ; et te plaindre de n’estre assez brave, je t’ay veu très bien paré : on ne sçauroit peindre un roy Herode plus brave que je t’ay veu. Tu te plains de n’estre bien monté, je t’ay veu des poulains et d’assez bons chevaux et bonnes armes. Pour ce que l’honneur t’a


édition petit in-4, de 31 pages, chez P. Ménier, portier de la porte Saint-Victor. Un exemplaire fut vendu 34 livres chez le duc de La Vallière (Catalogue, t. 2, p. 363, nº 3891). Un imprimeur de Troyes la reproduisit avec quelques différences dans le titre  : V. Catalogue des livres du cabinet de M*** (Imbert de Cangé), 1733, in-8, p. 120. Depuis lors, une copie exacte, mais sans notes, en a été donnée, d’après le texte de 1596, au t. 8 des Joyeusetez, faceties et folastres imaginations, publiées par Techener. — Le nom de Peschon de Ruby, que prend l’auteur, est un pseudonyme argotique. Peschon vouloit dire enfant, comme on le verra plus loin dans le Dictionnaire blesquin ; il se prenoit aussi pour apprenti, novice, et pouvoit par conséquent venir de l’italien piccione et de son correspondant en françois pigeon, qui se disoit déjà pour dupe, sens qu’il a gardé. On lit dans la Cabale des matois, pièce jointe à la Gazette, Paris, 1609, in-12, p. 49 :

Après tant de mignardise,
Notre malice déguise
Que le pigeon ne peut pas
Libre eschapper de nos laqs.

Quant au nom de Ruby, je n’en connois pas d’explication satisfaisante. M. Fr. Michel en donne une, mais il se garde bien d’en répondre, et il a raison (Études de philologie comparée sur l’argot, xlvij, note 48, et p. 309). Il faut s’en tenir à ce que dit l’auteur lui-même, dans son Dictionnaire blesquin ; suivant lui, Pechon de Ruby signifie enfant éveillé.