Page:Variétés Tome VIII.djvu/158

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fois mon compagnon dormoit ; je m’aventure à river selon mon pouvoir, et si mon chouard eust esté comme il est, elle se fust mieux trouvée, encores qu’elle me trouvast assez bon petit gars. Mon compagnon s’éveille, et dessus ! et moy de dormir en mon rang. Je vous jure que j’avois bien veu river, mais jamais je n’avois point rivé ; mais je ne sçay si je perdy ce qu’on appelle pucelage, car je pensay esvanouir d’aise. Mon compagnon riva fermis, et au matin nous en allasmes à Clisson, et là trouvasmes une trouppe qui nous surpassoit en félicité, en pompe, subtilité et police, plus qu’il n’y a en l’Estat venicien, comme verrez ci-après.

Mon compagnon et très bon amy, sçachant que nous approchions de la rivière de Loire pour tourner vers noz parents, s’advisa de m’affurer, c’est-à-dire tromper, car il s’en alla avec mon argent, et ne me resta que huict sols. Mon autre compagnon s’en alla chez mon père, près du lieu où nous estions, tellement que je demeure affuré et seulet. Toutesfois j’avois fait amitié avec les plus signalez gueuz de ceste grande trouppe, ne sçachant qui me pouvoit arriver ; car de retourner vers mon pays, je n’en voulois ouyr parler, craignant le fouet, ce que je meritois bien, et m’accommode avec lesdits gueuz.



même sens dans l’ancienne langue populaire. On lit dans le Monologue des perruques :

… Chevaucher sans selle,
River et habiter dehait.

(Œuvres de Coquillart, édit. Ch. d’Héricault, t. 2, p. 271.)