Page:Variétés Tome VIII.djvu/160

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bezasse bien garnie à costé, le manteau attaché souz la gorge avec une teste de matraz en guise de bouton, appellé bouzon en nostre paroisse ; une jambe très pourrie, qu’il eust bien guerie s’il eust voulu24 ; une calotte à cinq cens emplastres, et la teste assez fort bien teigneuse ! Le baston de M. le coesre estoit de pommier, et à deux pieds près du bas estoit rapporté, et là dessouz une bonne lame, comme d’un fort grand poignard25, et deux pistolets dans sa bezasse. Il fait mettre à quatre pieds tous les nouveaux venuz, qui estoient douze. Outre se sied le premier dessus le dos de ces nouveaux venuz. Les cagouz, lieutenants du grand coerse par les provinces, s’assirent aussi sur le dos des nou-


naturelle, le calembour venant en aide, on passa du contenant au contenu, et l’on dit compter ses chemises. Cette locution ne doit pas avoir d’autre étymologie.

24. Sur ces fausses plaies des argotiers, qui firent si spirituellement appeler cour des Miracles le lieu où, la nuit venue, ils alloient se débarrasser de leurs maux, Ambroise Paré a donné de très intéressants détails ; c’est ce qu’il appelle l’artifice des méchants gueux de l’hostière (édit. Malgaigne, t. 3. p. 46–53).

25. Ces cannes à épée étoient d’un usage très commun et fort nécessaires alors. Les plus paisibles ne s’en passoient pas. Écoutez Enay, le doux et l’inoffensif : « Je n’ai ni querelle ni procez, et suis bien aimé de mes voisins et tenanciers ; d’ailleurs, j’ai une petite lame dans ce bourdon. » (Le baron de Fæneste, édit. P. Mérimée, p. 10.) Un édit de 1666 défendit ces espées en baston. Elles avoient été déjà comprises, en 1661, dans la défense qui donna lieu à la comédie de Chevalier : La désolation des filoux, sur la deffense des armes.