Page:Variétés Tome VIII.djvu/166

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cagou avoit son feu, et pots d’aller. Nostre chef tira trois neuds d’eschine, deux pièces de bœuf, une volaille qu’il meist au pot, et un bon morceau de mouton et de lard, et du saffran ; les cagouz à qui mieux mieux et à belles couhourdes pleines de bon vin et du meilleur, où il s’en trouve pour leur argent. Je puis dire n’avoir veu faire meilleure chère depuis sans pastisserie. Nous rotismes deux bons chapons et une oye.

Comme fut puny ce rebelle et criminel de lèze-majesté.

Le plus ancien cagou le prend et le despouille tout nud ; l’on pisse tous en une crosle, avec deux poignées de sel et un peu de vinaigre ; avec un bouchon de paille on luy frotte le bas du ventre et le trou du cul, si bien que le sang en vient, et m’assure que cela luy a demangé à plus d’un mois de là ; et de ceste eau faut qu’il en boive un peu, ou estre bien frotté. Nous partismes ; chacun s’en va avec son gouverneur de province, et moy avec le mien.

En partant, il nous assembla tous et nous remonstre comme nous eussions couru très-heureuse fortune, mais que l’obeissance estoit bien nécessaire à ceste vacation : « Car, mes amis, je vous diray, il faut aller tous par un tel endroit tantost demeurer, car je cognoy tous les bons villages et sçay les lieux où se font les bons butins. » Et ainsi il nous entretenoit.