Page:Variétés Tome VIII.djvu/175

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trouver un capitaine d’egyptiens qui estoit dans le faux-bourg de Nantes, qui avoit une belle trouppe d’egyptiens ou boësmiens34, et me donnay à luy. Il me receut à bras ouverts, promenant m’apprendre du bien, dont je fuz très joyeux. Il me nomma Afourète.

Maximes des boësmiens35.

Quand ils veulent partir du lieu où ils ont logé, ils s’acheminent tout à l’opposite, et font demie lieue au contraire, puis se jettent en leur chemin36. Ils ont les meilleures chartes et les plus seures, dans lesquelles sont representées toutes les villes et villages, rivières, maisons de gentils hommes et autres, et s’entre-donnent un rendez-vous de dix jours en dix jours, à vingt lieues du lieu où ils sont partiz.

Le capitaine baille aux plus vieux chacun trois ou quatre mesnagères à conduire, prennent leur traverse et se trouvent au rendez-vous ; et ce qui


34. Ces bohémiens étoient sans doute de la race des Romanitchels, dont quelques bandes campent encore dans quelques cantons du centre de la France.

35. « Ces gens-là, dit le P. Garasse, à propos des bohémiens, ont des maximes secrettes, des caballes mystérieuses et des tenues qui ne sont intelligibles qu’à ceux de la manicle. » (La Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, etc., Paris, 1623, in-4, p. 75.)

36. Vagabonder toujours, voilà leur loi. Ils se sont fait cette maxime : « Chukel sos piréla cocal téréla, chien qui court trouve un os. »