Page:Variétés Tome VIII.djvu/178

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gaignent au jeu ils rendent aussi compte, fors ce qu’ils gaignent à dire la bonne aventure43.

Ils hardent fort heureusement, et couvrent fort bien le vice d’un cheval44.

Quand ils sçavent quelque bon marchant qui passe pays, ils se deguisent et les attrapent, et font ordinairement cela près de quelque noblesse, faignant d’y faire leur retraicte ; puis changent d’accoustremens et font ferrer leurs chevaux à rebours, et couvrent les fers de fustres, craignans qu’on les entende marcher.

Un trait du capitaine Charles45 à Moulins
en Bourbonnois.

Un jour de feste, à un petit village près de Moulins, y avoit des nopces d’un paysan fort riche. Aucuns se mettent à jouer avec de noz compagnons, et perdent quelque argent. Comme les uns jouent,


43. « Voler la volaille et dire la bonne aventure, voilà le métier des femmes. » (Grellmann, p. 106, 125.)

44. « Une autre branche d’industrie à laquelle les bohémiens s’adonnent volontiers est le maquignonnage, qui semble leur avoir été particulier depuis les plus anciens temps de leur histoire. » (Grellmann, p. 97.)

45. C’est peut-être le même dont parle Tallemant : « Le capitaine Jean Charles, écrit-il, a dit au Pailleur qu’un petit cochon ne crioit point quand on le tenoit par la queue, et que leur plus sûre invention pour ouvrir les portes, c’étoit d’avoir grand nombre de clefs ; qu’il s’en trouvoit toujours quelqu’une propre pour la serrure. » (Édit. in-12, t. 10, p. 141.)