Page:Variétés Tome VIII.djvu/300

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de ce maistre savetier une vive image et naïfve representation de la populace et des esprits foibles qui courent à la nouveauté sans sçavoir pourquoy. Ils ayment et hayssent, louent et blasment une mesme chose. Ainsi les anciens ont dit que le peuple estoit une beste à plusieurs testes, aveugle, ignorant, et par consequent opiniastre et inconstant.

Guer. O l’et come la girouete din chatea qui se viret à tous vens. Agarés ben la lune, i cré quo serét malaisé de li faire ine robe per tous lous jours.

Ant. Cependant, comme dit Panurge, il faudroit punir ces charlatans qui contre toute justice exaltent ainsi les perturbateurs du repos publiq : car posé qu’ils fussent bien fondés, les moyens et procedures ne sont pas justes.

Guer. Ol en est come des antes30 dau compère


30. Ce mot se prenoit pour branche, comme dans ces vers de François Habert, dans sa fable du Coq et du Renard :

Le coq, de grand peur qu’il a
Le coq,S’envola,
Sur une ente haute et belle.

Il se disoit aussi pour un jeune arbre nouvellement enté. C’est dans ce sens qu’il est pris ici. Alors il ne faisoit pas double emploi avec le mot arbre et pouvoit se trouver près de lui, comme dans ces vers du poème du Rossignol, par Gilles Corrozet :

Le jour esleu, aussy l’heure assignée,
S’en vint l’amant, la freiche matinée,
En un jardin, paré d’arbres et entes,
D’arbres et fleurs très odoriférantes.