Page:Variétés Tome VIII.djvu/326

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    Quelle merveille que la paille,
Qui passe pour un rien qui vaille,
Ait tant d’effet sur le chapeau !
Le plus vaillant de tous les hommes
(Prodige en ce temps où nous sommes)
Sans elle tremble dans sa peau.

    Sans elle passez par la rue,
Chacun vous chifle, befle, hue,
Et vous fait bien pis quelquefois ;
D’espingle la fesse on vous larde,
On vous applique la nazarde,
Et vostre dos porte le bois.

    Sans elle, quand bien vos pensées
À Dieu seul seroient addressées,
Vous haïssez le commun bien ;
Disiez vous vostre patenostre,

    Eut-on donné cent coups mortels,
    Eut-on pillé deux mille autels,
    Eut-on forcé cinquante grilles,
    Et violé quatre cent filles,
    On pouvoit avec sûreté
    Marcher par toute la cité,
    En laquelle, vaille que vaille,
    Tous étoient lors des gens de paille.

    Plusieurs pièces parurent au sujet de cette paille : Le Bouquet de Mademoiselle, Apothéose de la paille, Triomphe de la paille sur le papier, Grand dialogue de la paille et du papier. Une des premières fois qu’on l’arbora, ce fut à la place Dauphine, le jour de l’échauffourée de l’Hôtel-de-Ville, dont il sera parlé tout à l’heure. (Mémoires de Retz, 1719, in-8, t. 3, p. 175.)