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Le Faict

Je me resous, prenant courage :
Sans le cheval de Pacolet[1],
À Paris j’envoye un valet,
Nonobstant les mois des roupies,
Qui m’apporta bonnes copies
D’un contract fait devant Lusson.
Aussitost il esmeut le son,
On luy rescrit un mot de lettre,
Comme en procez je le veux mettre,
Et que, pour ne s’incommoder
Il faut tascher de s’accorder.
De faict le compère s’explique,

  1. C’est le fameux cheval de bois qu’on faisoit galoper dans les airs à l’aide d’une cheville qu’il suffisoit de pousser. Il en est parlé dans plusieurs anciens romans, notamment dans Valentin et Orson, et dans l’Histoire de Maguelone et de Pierre de Provence. Le coursier de bois Clavilègne le Véloce, que Cervantes (Don Quichotte, ch. 40) fait bravement enfourcher par son héros ayant Sancho en croupe, n’est qu’une imitation ou plutôt une parodie du cheval de Pacolet. Celui-ci descendoit lui-même en ligne directe du cheval de bronze des Contes orientaux, qui, après avoir passé par l’une des charmantes inventions du vieux Chaucer, l’Histoire de Cambuscan, roi de Tartarie, est arrivé, toujours volant, jusqu’à notre Opéra-Comique. La pièce de M. Scribe, qui, opéra-comique hier, sera grand-opéra demain, sans changer son titre, Le Cheval de bronze, et sans rien perdre, Dieu merci, de la musique d’Auber, est une ingénieuse imitation du conte de la Corbeille, qui se trouve parmi les Contes orientaux qu’a publiés M. de Caylus (La Haye, 1743, 3 vol. in-12). M. Loiseleur-Deslongchamps a lui-même constaté l’emprunt. (Essai historique sur les contes orientaux et sur les Mille et une nuits, 1838, in-12, p. 97, note.)