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Le Faict

D’un Roy le plus grand qui se treuve
Arriva par la porte neufve[1]
Dans Paris, sa bonne cité,
Où je l’avois bien souhaitté :
Car ceste negrite canaille[2]
S’attaquoit mesme à la muraille,
Abattant, sans droict ne raison,
Jusques au grec de ma maison[3].
J’en parle ; mais, peur de l’amende,

  1. L’entrée de Henri IV dans Paris, par la Porte-Neuve, eut lieu le mardi 22 mars 1594.
  2. Par negrite canaille Guillaume de Baïf entend parler de la garnison, en grande partie africaine, qui, au nom de Philippe II, occupoit Paris, et principalement les quartiers des faubourgs avoisinant les portes. Il est parlé de ces Môres et Africains des troupes du roi d’Espagne dans la Satyre Menippée, édit. Ch. Labitte, p. 77.
  3. Cette maison, dont il nous faut enfin parler, et qui étoit pour Guillaume Baïf la plus belle partie de l’héritage de son père, se trouvoit, comme il est dit dans les Lettres patentes citées tout-à-l’heure, « sur les fossez Saint-Victor, aux fauxbourgs », c’est-à-dire dans la rue actuelle des Fossés-Saint-Victor. Suivant Jaillot, dont Hurtaut et Magny, dans leur Dictionnaire historique de Paris, t. 1, p. 272, 324, confirment le témoignage, ce vaste logis fut ensuite occupé par la communauté des Augustines angloises. Elles le firent rebâtir dès les premiers temps de leur occupation, c’est-à-dire en 1639. Après avoir été forcées de le quitter à l’époque de la Révolution, elles y revinrent en 1806, et l’habitent encore. Leur couvent forme les nos 23 et 25 de la rue. La maison du poète se trouve ainsi singulièrement agrandie. Elle avoit d’ailleurs été reconstruite, comme je viens de le dire ; depuis longtemps on n’y trouve rien qui rappelle son passé. La physionomie