et pour ces deux accusations il fut arrêté et enfermé dans une tour du château de Niort8. Ce fut dans cette prison où sa femme, qui ne l’abandonna jamais, accoucha de son second enfant, qui est Mme de Maintenon : car on a appris sûrement que ce fut là, et non sur mer, comme le croyoient quelques uns, où elle vint au monde, le 20 mars de l’année 16369, M. l’évêque d’Angoulême en ayant montré l’extrait baptistaire à M. l’abbé de Roquette10, de qui je l’ai appris. Mme de Maintenon
8. La Beaumelle et les autres disent que la captivité de Constant d’Aubigné à Niort n’étoit qu’une continuation de celle qu’il avoit faite au Château-Trompette. Je préfère la version du P. Laguille. La cause qu’il donne, avec détails, de cette nouvelle incarcération, me paroît aussi fort admissible. Personne n’en avoit parlé ; l’on pensoit que Constant portoit encore dans cette prison la peine de je ne sais quelles intelligences entretenues par lui avec le gouvernement anglois au sujet d’un établissement qu’il projetoit à La Caroline. Ce qu’on lit ici est bien plus net, et surtout on ne peut mieux d’accord avec ce qu’on sait des habitudes des petits nobles de province à cette époque. Combien, comme d’Aubigné, étoient pillards, contrebandiers et faux monnoyeurs !
9. Jusque alors on avoit pensé que Mme de Maintenon étoit née le 27 septembre 1635 ; la voilà donc rajeunie de cinq mois. Ce qui est certain, c’est qu’il est déjà question d’elle dans la lettre citée tout-à-l’heure, et que son père écrivoit à Nathan d’Aubigné le 6 mars 1637 ; il dit à son frère qu’il a trois enfants de son second mariage : deux fils, dont l’aîné a sept ans et demi, et une fille.
10. C’est le pauvre homme de Louis XIV, celui qui servit en quelques points pour le Tartufe de Molière. Il fut évêque